Sujet: « Tell me why you leave me... » feat. Kaylinn ♥. Mer 23 Mai - 13:04
KAYLINN & NEMESIS-SHAADE.
Son visage s’impose à moi. Son sourire fleurit sur ses lippes, que je regarde avec envie. Je l’ai enfin retrouvée… Ma Kaylinn. Voilà tant de temps que je la cherchais… En ne me l’avouant pas, bien sûr. Le déni est la chose la plus simple à maîtriser qui soit… Et je le maîtrise avec perfection. Non, elle ne m’avait pas manqué. Non, je n’étais pas venue dans cette ville pour elle. Et non… Je ne ressentais plus rien pour elle. Que de la rancœur… Pas d’amour. Voyez donc à quel point j’en suis détachée… Et c’est d’ailleurs à l’ombre d’un arbre que je la regarde échanger quelques sourires avec un garçon. Ce n’est pas le même que celui pour lequel elle m’a abandonnée… Mais la blessure continue de suppurer, même après toutes ces années. Elle enfle même, alors que je la rouvre en me délectant de voir son si radieux visage, semblable à celui d’un Ange.
Quelques semaines plus tôt, j’avais retrouvé sa trace que j’avais cherché fugacement, dans un élan de nostalgie. Je m’étais alors empressée de la suivre, de l’espionner en quelque sorte… Mais c’était innocent. Après tout, je ne voulais que lui demander pourquoi elle m’avait laissée sans un mot, après que nous nous soyons liées. Nous sortions à peine du lycée & j’étais raide dingue d’elle depuis quelques temps… C’est après que nous ayons couché ensemble que j’avais découvert ma bissexualité bien plus axée sur les femmes. L’alcool avait beaucoup aidé pour obtenir ce résultat mais moi, je n’avais jamais regretté… Et elle s’en était allée au bras d’un autre. Avait minaudé avec un autre. S’était affichée avec un autre. La trahison ressentie n’a pourtant jamais prit le pas sur les sentiments que j’entretenais à son égard… Je m’étais toujours dit qu’il y avait une raison. Qu’elle m’expliquerait que je me trompais…
Mais elle était partie, sans me prévenir. Le lycée avait été terminé, & notre amitié avec lui. Avant cela, dès lors qu’elle croisait mon regard, ses joues s’empourpraient & elle détournait les yeux. Alors maintenant que je la regarde, je me sens confuse… Et si ces réponses que je venais quérir ne mes convenaient pas ? Et si elles me blessaient bien davantage, alors que je mettrai mon cœur à nu pour tout lui demander ? Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts… Mon cœur s’est solidifié, s’entourant d’une muraille de glace. J’ai également connu d’autres personnes… Et d’autres femmes. J’en fréquente d’ailleurs une autre, qui m’appartient sans que je ne sois spécialement éprise d’elle – déni, encore.
Enfin, je m’avance. Je la suis dans les profondeurs ténébreuses & pourtant si accueillantes de la forêt, tandis que nous nous enfonçons toujours plus profondément. Elle ne me remarque pas encore… Après tout, je suis derrière elle. Lorsque j’arrive à ses côtés, je pose une main sur son épaule. Elle semble surprise lorsque ses prunelles se posent sur moi, mais je m’en fiche. Un sourire nappe mes lippes alors que mes traits deviennent un tantinet plus durs, comme taillés dans le marbre. Je suis impassible, mais mes iris ne sont pas aussi douces que je l’avais pensé. Le fait de me trouver en face d’elle est plus douloureux que je l’avais envisagé. Mon myocarde se contracte, envoyant un vague de souffrance pure jusqu’à mon cerveau. Je cherche les mots pour ne pas paraître brusque sans pour autant n’être que mielleuse alors qu’une certaine dose de rage bouillonne en moi.
« Comme on se retrouve, Kay’… A dire vrai, ce n’est pas dû au hasard… »
Mes prunelles s’attardent sur ses traits alors que ma main vient à effleurer son doux visage. Je déglutis alors que je ressens l’envie impérieuse de poser mes lèvres contre les siennes. Une mèche blonde tombe négligemment devant ses yeux, que je remets avec une certaine douceur derrière son oreille. Nous faisons la même taille, & c’est pourquoi mes yeux sont incapables de quitter les siens. Je me recule néanmoins pour garder les idées claires, alors que je sens les relans du passé étreindre mon cœur avec nostalgie & un certain sadisme. Je balbutie, d’une voix un peu enrouée sous l’émotion qui m’assaille :
« Je t’ai cherché… J’ai tellement de questions à te poser… Pourquoi, avant tout… Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m’avoir renié après ce qu’il s’est passé ? A ce que je sache, tu étais consentante… Tu ne peux pas imaginer ma douleur. Je me suis sentie trahie… Et maintenant, la seule chose dont j’ai réellement envie, c’est de te briser à mon tour… Et pourtant, j’en suis incapable. »
Mes prunelles lancent des éclairs dans sa direction. Je me sens toujours aussi bafouée. Je m’approche à nouveau, mes doigts venant flirter avec le bas de sa mâchoire. Ces derniers s’attardent sur sa gorge alors que mes yeux la dardent d’un éclat meurtrier. Finalement, je soupire & détourne le regard, tandis que mes bras retombent mollement le long de mon corps. Je ne suis pas une meurtrière… Et il n’y a aucune raison pour que je me salisse les mains… Pas pour une raison aussi futile, bien qu’elle m’ait presque détruite. Alors je ne fais qu’attendre sa réponse avec une certaine appréhension, certaine qu’elle ne va que me faire souffrir davantage… Et pourtant, je ne suis pas habituée à me montrer si faible. Je me dégoûte moi-même lorsque je suis avec elle. Mais même les plus solides guerriers ont leurs faiblesses…
Pourquoi suis-je venue à Sacramento ? Moi-même je l’ignore. Peut-être pour me tailler une place parmi des gens comme moi, des gens différents, qui ne veulent pas se soucier de l’avenir, encore moins du passé, juste vivre le moment présent et le vivre à fond, peu importe la manière dont ils veulent le vivre. J’étais bien, pourtant, à New-York, avec maman. Mais à 22 ans, majeure, il était temps pour moi de prendre du recul et de rester seule avec moi-même, de profiter pleinement des moments présents.
Dans une minute, je suis libérée de ce lourd fardeau qu’est le travail. Mes mains commencent à trembler, malgré moi. J’essaie de me calmer, de respirer profondément, de ralentir les battements de mon cœur qui se font de plus en plus intenses. Je sais pourquoi je réagis comme cela. J’en ai besoin, maintenant, tout de suite. Au début, j’étais capable de vivre sans, c’était à l’occasion, surtout au lycée pendant mes premières expériences. Mais depuis cette nuit à Londres, c’est devenu essentiel, un peu comme l’eau chez l’humain. C’est ma manière à moi de m’abreuver, de me ressourcer, d’enlever le poids constant sur mes épaules. La sensation d’avoir tout échoué et d’être condamnée à une vie éternellement brisée. Je ferme les yeux pendant quelques minutes : le magasin étant vide de tout client, tentant de reprendre sur moi-même. Ce n’est rien, ça va passer dans quelques heures, après que j’aille été dans la forêt, comme je le fais à chaque soir.
Enfin terminé. Je ramasse rapidement mes affaires, tourne en rond dans les allées pour m’assurer qu’il n’y a personne, puis , enfin, je ferme le magasin à clé, un sourire flottant sur mes lèvres. Détachant mes cheveux blonds qui retombent ondulés sur mes épaules, je sors de ma sacoche un petit miroir, histoire de voir de quoi j’ai l’air. J’ai les joues un peu creuses et le teint pâle : des cernes ornent mon visage. Bon, je ne suis pas au sommet de ma forme, je le sais moi-même, mais que puis-je y faire ? Allez, un petit joint vite fait et plus rien n’y paraîtra.
Zigzaguant dans les rues, j’aperçois la lisière de la forêt qui contraste étrangement avec le reste de la ville. C’est l’une des choses qui m’a le plus charmée de Sacramento. Traversant les nombreuses lumières, me faisant klaxonner une où deux fois au passage pour mon imprudence, mais aussi mon impatience. Je me fais également aborder une ou deux fois, par des mecs. Enfin, je pénètre dans la forêt, respirant un bon coup l’air devenu soudainement pur, en faisant le vide dans ma tête. Je marche encore un peu, pour aller jusqu’à mon coin habituel si on peut le dire. Je sors nerveusement le joint , roulé à l’avance et le fait tourner entre mes doigts, impatiente. J’accélère le pas, entendant des branches craquer derrière moi mais en n’y prêtant pas vraiment d’attention. Probablement le vent.
Une main se pose sur mon épaule, je sursaute violemment, échappant le précieux objet de mes mains. Mon premier réflexe est de me pencher pour le ramasser parmi l’herbe ce qui fut assez rapide. Puis, je me relève pour faire face à la personne qui m’a abordée, un peu sur les nerfs. Ce contact m’as fait pensé à celui que j’ai vécu à Londres, mais il était plus…familier.
« Comme on se retrouve, Kay’… A dire vrai, ce n’est pas dû au hasard… »
Mon souffle se coupe lorsque je réalise pleinement à qui appartient cette voix. Mon cœur bat la chamade, des souvenirs refont surface. Ma première expérience avec une femme. Et pas la dernière. Nous n’étions pas sobres : mais je n’étais pas totalement partie, mes consommations étaient beaucoup plus limitées mais ce n’était pas un problème (et ce ne l’est toujours pas) . J’étais consentante. À 100%. Je frissonne en croisant ses yeux bleus, ses cheveux blonds, en sentant son regard détailler mon corps, corps qu’elle connaît aussi bien que je le connais. Je ne l’ai pas aimée, je n’ai jamais été amoureuse d’une femme, mais il y avait quelque chose de plus qu’avec les autres filles.
Je me reprends, pas question que je perde ma dignité devant elle, même si mes yeux trahissent ma surprise. Je la détaille à mon tour, elle n’a pas changé. Je suis un peu sous le choc, tout de même, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vue, mais j’ai l’impression que la dernière fois que nous nous étions vues, c’était hier. Je reconnais dans ses yeux la rage qu’elle a envers moi, mais en même temps, elle est tout autant bouleversée que moi.
« Eden…»
Juste prononcer son deuxième prénom ravive en moi des sensations que je croyais éteintes, la sensation de sa peau contre la mienne, de son souffle chaud contre mon cou…Elle me regarde dans les yeux, j’en fais tout autant. Lorsqu’elle s’approche de mon visage, je suis comme paralysée, encore plus lorsque je sens sa main effleurer mon visage. Je ne la repousse pas, j’en suis incapable. Puis, elle replace une mèche rebelle de mes cheveux. Elle se recule, bouleversée par l’émotion. Ce n’est pas dû au hasard que nous nous rencontrions, elle-même l’as dit…
« Tu me suivais ? »
Ces mots sortent de ma bouche par accident, trahissant mon stress grandissant. Un des plus grands défauts est mon impulsivité, mais je dois savoir si elle était là, derrière moi depuis longtemps.
« Je t’ai cherché… J’ai tellement de questions à te poser… Pourquoi, avant tout… Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m’avoir renié après ce qu’il s’est passé ? A ce que je sache, tu étais consentante… Tu ne peux pas imaginer ma douleur. Je me suis sentie trahie… Et maintenant, la seule chose dont j’ai réellement envie, c’est de te briser à mon tour… Et pourtant, j’en suis incapable. »
Puis sa main glisse le long de ma mâchoire, je la sens sur les nerfs, moi-même je le suis, après la déclaration qu’elle vient de me faire. Je m’en doutais , je n’ai jamais osé le réaliser moi-même mais maintenant je le sais : Eden ressentait quelque chose pour moi, forcément plus que ma légère attirance. Ses bras retombent le long de son corps et elle attend que je lui réponde. Je me mordille la lèvre inférieure : je ne m’attendais pas à subir un interrogatoire de sa part en venant dans la forêt. Il est vrai que j’ai été lâche : après notre nuit, j’ai été perturbée par les nouvelles émotions qui grandissaient en moi. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé ma bissexualité, mais être dans les bras d’une de vos meilleure amie, nue , un matin, ça de quoi vous faire paniquer. Je suis donc repartie chez ma mère et je ne l’ai plus jamais rappelée. Et il serait faux de dire que je ne l’ai pas regretté. Elle n’est pas au courant de mon viol. Je me demande si elle trouve que j’ai changé. Je sens une présence dans ma main : mon joint. Nerveuse, je le glisse dans la poche arrière de mon jean et je me décide enfin à dire quelque chose.
« Eden…Je…»
Je déglutis. Je suis mal partie.
« Tout ça…C’était si nouveau pour moi, j’ai eu peur. J’ai eu peur de ce que j’ai vécu cette nuit là, de ce qui allait se passer après… J’avais peur de te perdre , tu représentais tout ce que j’avais au lycée et…»
Ma gorge se noue. Je me sens tellement coupable. Je l’ai brisée, elle m’aimait et moi, je ne voulais que m’amuser…
« Je ne t’ai peut-être pas aimée de la même manière que toi tu m’as aimé, mais je ne t’ai pas aimée comme une simple amie, ça je le sais. Mais je crois qu’il est trop tard pour m’excuser, tu m’en veux beaucoup trop. »
J’ai un petit rire en me rendant compte à quel point je suis ridicule. Je parle trop. C'est comme ça, quand je suis stressée, je déballes tout. Comme ça, ça passe plus vite et c'est plus rapidement oublié. Je tourne les talons pour aller m’asseoir près d’un arbre et je me passe une main dans les cheveux tout en continuant d’observer Eden.
« Il n’est pas vrai que je n’ai rien regretté…Tu m’as manqué Eden, et encore aujourd’hui…»
Je l’ai dit malgré moi, et trop fort. Elle m’a entendue. Oui, elle me manque, son amitié me manque, mais ce que j’ai vécu cette nuit-là avec elle me manque aussi. Je ne l’ai jamais vécu avec les autres filles avec qui j’ai couché, c’était seulement avec elle et elle doit comprendre ce que je veux dire : Eden et moi nous nous sommes toujours comprises. Même si j’ai mon meilleur ami sur qui compter et ma famille, ça reste Eden. Mais à quoi bon ? Il est trop tard.
N-S. Eden Montgomery
• GiveMeYourHeart ❤
Sujet: Re: « Tell me why you leave me... » feat. Kaylinn ♥. Sam 26 Mai - 21:29
KAYLINN & NEMESIS-SHAADE.
La douleur palpite, insidieuse… Perfide… Sadique. Mon cœur se contracte, envoyant quelques dizaines de slaves de douleur jusqu’à mon cerveau. Une douleur pure, non contenue, qui me laisse à bout de souffle & fait briller mes yeux sous l’assaut des larmes qui ne demandent qu’à sortir. Je l’ai suivie… Elle a paru effrayée. Qui ne l’aurait pas été ? Sans doute pas moi. L’éclat de fureur pure & de folie qui s’enflamme dans mon regard ferait fuir le plus courageux des hommes… L’on m’aurait aisément confondu avec une meurtrière venant à peine de se sauver de sa geôle, ayant usé de son charme pour obtenir les clés de la liberté. Quand elle se mordille la lèvre inférieure, mon cœur fait un bond. Je la désire encore après toutes ces années de souffrance… Je n’ai jamais cessé de penser à elle. Surtout pas lorsque mes doigts courraient le long de mon ventre et venaient à se perdre dans les tréfonds de mon intimité.
Mais passons ce détail gênant. Je n’ai pas envie de l’acculer ni envie de la faire crouler sous les questions… J’ai simplement envie de m’enquérir de son état, rattraper le temps perdu… Tout en sauvegardant mon cœur, pour ne pas céder une fois encore à la tentation de vivre une idylle avec cette jolie blonde. Et à la fois, je n’ai pas envie d’entendre sa voix cristalline retentir pour me faire ployer sous la dureté des mots qu’elle prononcera sans aucun doute. Je sais déjà tout ce qu’elle va dire… C’était une erreur. Elle était ivre et ne voulait pas de ça… Ne ressentait rien de plus pour moi qu’une sincère et platonique amitié. Elle voulait expérimenter avec une femme & j’étais là… Elle s’était servie de moi & n’étais plus revenue me voir à cause du dégoût que je lui inspirais. Croyez-moi, il m’arrive rarement d’avoir une si basse opinion de ma divine personne… Mais avec elle, je ne peux faire autrement.
Et c’est la peur au ventre que je l’entends prononcer ses premiers mots… Ou les seconds. Chaque mot de sa part me pénètre tel un couteau rouillé, laissant derrière lui son lot de maladies & pariant sur mes chances de survie. Quand elle prononce mon prénom, cela me semble aussi doux qu’une caresse… Mais je l’écoute, sans jamais la couper alors même que ma fierté est ravalée & que je meurs d’envie de la ressortir pour lui balancer ma cruauté au visage, pour lui mentir en disant que ce n’est rien… Que je n’ai pas souffert. Pourtant, mon visage est dans l’incapacité de rester impassible. Un tas d’émotions passent sur mon minois, déformant ce dernier de la haine à la tristesse en passant par une profonde joie. Je soupire. Et enfin, je la coupe… Je ne veux pas savoir la suite, ce que je représentais pour elle au lycée.
« Economises ta salive. » Lui dis-je, amère. « Pour qui tu me prends ? Je ne ressentais rien pour toi. Ne te donnes pas davantage de valeur que tu n’en as… Tu as toujours eu tendance à te surestimer. Je voulais juste savoir si, comme moi, tu n’avais fait ça que pour t’amuser. Il aurait été fâcheux que, pendant tout ce temps, tu aies entretenu des sentiments à mon égard… »
Je me dégoûte. Je ris, hypocrite & fausse, peste dans l’âme, avant de détourner le regard, crispant les mâchoires. Mais cela ne l’empêche pas de finir sa phrase, m’enfonçant toujours plus son couteau dans le myocarde pour augmenter mon quota de douleur. Je n’étais personne… Mais pas une amie non plus. C’est la seule chose que je reproche aux femmes : Elles sont trop compliquées. Je déglutis, ravalant les sanglots qui me montent à la gorge. Je ne suis pas décidée à la laisser s’en tirer à si bon compte… Elle est désolée ? Bien. Elle le sera bien plus lorsque j’en aurai fini avec elle. Je l’aimais… Et je ne compte pas oublier la femme que je suis pour son bon plaisir. Que je suis d’ailleurs devenue à cause d’elle.
« T’en vouloir ? Pour quoi faire ? Tu te donnes une fois encore trop d’importance. Comme je te l’ai dis… Tu n’as jamais rien représenté à mes yeux. Tu voulais tester avec une fille ? Bien. Moi aussi. On était éméchées, on savait plus ce qu’on faisait… Et ça s’est fait. Je ne regrette rien… Je suis d’ailleurs actuellement très heureuse avec une femme. Une femme bien plus désirable que tu ne l’as jamais été d’ailleurs. Mais loin de moi l’idée de t’accabler de reproches ou de te faire comprendre que tu n’es personne & que tu le resteras. »
Je gâche tout avec une facilité déconcertante. Le venin s’écoule de mes lèvres naturellement, héritage de ma mère sans doute. Je ne veux rien de plus que réparer les pots cassés et pourtant je lui crache ces horreurs à la gueule… Les regrets m’assaillent. Je ne veux pas la voir pleurer… Mais je ne veux surtout pas ramper à ses pieds en quémandant ne serait-ce qu’un regard ou un sourire, comme le font les amoureux transis. Je ne ressens plus rien… De la nostalgie peut-être. Mon cœur est bien trop fermé depuis cet incident… Et comme je l’ai mentionné, je suis sans doute trop intéressée par une autre. Et pourtant, je meurs d’envie – littéralement – de lui demander si elle a quelqu’un… Comme si je pouvais postuler pour la place. « Bonjour, Eden Nemesis-Shaade Montgomery, 24 ans, intéressée par un CDI en tant que petite amie. ». Ridicule.
« En fait si, moi je regrette. Grâce à toi j’ai découvert ma bissexualité, mais j’ai perdu une amie. Quand je dis que tu n’es personne, c’est vrai : Amicalement parlant, tu étais tout. Mais juste sur ce plan. Mais tu ne m’as pas manqué… Pas alors que tu m’as trahi si facilement, t’en allant sans un coup d’œil en arrière. » Je hausse légèrement la voix sous la colère qui bouillonne. « Je t’interdis de dire que je t’ai manqué. » Des oiseaux s’envolent & un corbeau nous affuble de son horrible croissement, ajoutant du mélo à la situation. « Tu n’as pas le droit de dire ça alors que tu as su me tourner le dos ainsi. Si tu avais tenu à moi, tu m’aurais laissé une lettre… Envoyé un sms… Dis quelque chose. Mais je n’ai rien eu. Tel un chien que l’on abandonne, je n’ai même pas pu obtenir une dernière caresse… Un dernier sucre. Une amie ne fait pas ça. Je peux comprendre que tu aies été troublée. Je l’ai été aussi. Mais t’ais-e fuis ? Non. Tu sais quoi ? Tu me dégoûtes. Je voulais des réponses, & les tiennes ne me satisfassent pas. »
Je me détourne, le cœur battant la chamade. Il continue de se contracter sous la souffrance que je m’inflige toute seule. Je préfère ne pas la regarder… Si elle se mettait à pleurer, je ne sais ce que je ferais. Je la hais, je veux la détruire… Lui faire payer pour cet abandon que j’ai vécu. Un de plus… Elle était mon amie, la femme que j’aimais… Je suis amère. Elle connaissait tout de moi… Elle n’aurait pas dû agir comme ça. Comme une traîtresse. Mais si elle me demandait de tout oublier, je le ferais. Je le sais, & ça me ronge. Alors je jure & crache par terre toute cette rage que je ressens. Mais ça ne suffit pas à m’enlever ce poids qui persiste dans mon être… Et même toute cette rage que je déverse sur elle ne change rien. Je ne me sens pas mieux… Et elle non plus, j’en suis persuadée. Et pourtant, les remords ne m’assaillent pas. Elle n’a que ce qu’elle mérite… Après tout, je n’ai jamais été facile à vivre. Et ce n’est pas elle qui dira le contraire.
« Dis-moi simplement… Pourquoi t’as agis comme ça, en lâche ? Je pensais que t’avais du respect pour moi, que tu m’estimais un minimum… C’est pas vraiment ce qu’a démontré ton attitude. Tu sais, t’as beaucoup baissé dans mon estime après ça… Je dis pas ça pour te blesser, je veux juste être honnête. Alors oui je t’ai suivi ici, mais ce n’était que pour avoir quelques réponses, pour comprendre certaines choses. Mais réfléchis bien à une chose : Tu avais peur de me perdre ? Et c’est en fuyant que tu m’as gardé ? Tu es incohérente, tu ne sais pas ce que tu veux… Tu me fais marrer. »
Je suis incapable de recouvrer mon calme. Je veux simplement la briser… La briser plus encore à chaque seconde. La voir s’excuser, être en pleure… Me supplier de la pardonner. Que son cœur se contorsionne sous la douleur ressentie, comme le miens le fut jadis. J’agis comme un mec qui aurait couché avec une nana sans la rappeler & qui lui reprocherait d’être collante. J’agis en « connard ». Alors je m’avance vers elle, bloque son menton entre mon pouce et mon index & dépose brutalement mes lèvres sur les siennes, l’embrassant sauvagement, sans aucune passion, sans amour. Un baiser bestial, primitif. Quelque chose de dur, de blessé. Et mes mains se cramponnent à ses hanches, venant flirter avec ses fesses pour le plaisir de la voir se débattre, si seulement elle ose bouger le petit doigt. Ce n’est pas du tout ce que je venais chercher… Et loin de moi l’idée de la violer. Je veux simplement lui faire peur… La faire regretter. Et je suis certaine que j’y arriverai. Au risque d’y perdre le peu de self-control qu’il me reste & le peu de lucidité dont je suis affublée. Elle me rendra folle, c’est certain…
Plus je parlais, plus je sentais le regard glacé d’Eden me dévisager de long en large. Mes mots s’entremêlaient dans ma bouche qui devenait de plus en plus pâteuse, la présence du joint dans la poche de mon pantalon se faisait soudainement de plus en plus lourde. Je savais déjà ce qui allait suivre, Eden allait probablement me dire les pires choses au monde, tout ce que je mérites dans le fond. Assise contre l’arbre, je fermes les yeux, tentant de chasser la violente nausée qui s’empare de moi, me disant que je n’ai qu’à me forger une carapace pendant tout ce temps, que ça va passer, qu’elle me laissera probablement tranquille après ça. Qu’elle tournera les talons et que nous allons faire comme si de rien était , si nous nous revoyons. Pourtant, cette perspective m’effraie plus qu’elle m’enchante. La culpabilité est l’un des pires sentiments que je peux ressentir, est-ce que je veux vraiment vivre avec ce fardeau pour le restant de ma vie ? Au pire, je m’échapperai dans les drogues, comme je l’ai toujours fait. Elle insinue même que j’aurais eu des sentiments pour elle. C’est totalement faux, je lui ai même dit quelque secondes plus tôt. Elle me prend pour qui ? J’ouvre la bouche pour répliquer, mais elle me coupe la parole.
« T’en vouloir ? Pour quoi faire ? Tu te donnes une fois encore trop d’importance. Comme je te l’ai dis… Tu n’as jamais rien représenté à mes yeux. Tu voulais tester avec une fille ? Bien. Moi aussi. On était éméchées, on savait plus ce qu’on faisait… Et ça s’est fait. Je ne regrette rien… Je suis d’ailleurs actuellement très heureuse avec une femme. Une femme bien plus désirable que tu ne l’as jamais été d’ailleurs. Mais loin de moi l’idée de t’accabler de reproches ou de te faire comprendre que tu n’es personne & que tu le resteras. »
Je me mords la langue, presqu’au sang afin de m’empêcher de ne pas pleurer et de partir en courant. J’ai honte. Comment ais-je pu penser qu’Eden me désirait vraiment ? Je ne suis pas la plus jolie, je le sais, mais je ne mérite pas ça. J’essaie de me convaincre que tout ce qu’elle me dit n’est que mensonges. Pourtant je sais , au plus profond de moi-même qu’Eden ment, que tout ce qu’elle veut c’est me faire souffrir comme je l’ai fait souffert, la différence c’est que moi c’était involontaire et sur un coup de tête – comme je l’ai regretté après ! – et elle, complètement volontaire. Chaque mot qu’Eden prononce est comme un couteau dans mon cœur, qui saigne de plus en plus. J’ai presque envie de m’allumer mon joint dans son visage. Je commences à me relever, essayant d’ignorer les paroles qu’elle me lance, même si l’une de ses phrases me donne envie de vomir.
« Je t’interdis de dire que je t’ai manqué. »
J’écarquille les yeux , debout. Je m’étais promise de ne rien dire, mais comment osait-elle m’empêcher de dire ce que je ressens réellement à son égard ? Oui , elle m’a manqué. Je referme les yeux, tentant de contrôler la rage qui grandit en moi tandis qu’elle répète que j’ai été immonde, que j’aurais dû la prévenir… Encore les mêmes paroles, toujours. Plus elle les dit, plus je prends conscience de mon erreur. J’avais toujours cru qu’Eden était la solidité incarnée, mais ses paroles sont presque aussi incohérentes que les miennes. Elle dit que je ne lui manques pas, qu’elle n’a rien ressenti, qu’elle était saoule… Je peux comprendre, mais pourquoi cela lui fait autant de mal dans ce cas ?
Complètement debout, je me prépare à partir, comme je l’ai déjà fait. La première fois c’était par peur. Cette fois-ci, par dépit. Par dépit, oui, car je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Même si j’essaierai de placer un mot, ça ne servirait à rien. Je connais Eden, elle veut toujours avoir raison, le dernier mot. La boule dans ma gorge est tellement grosse que ça me fait presque pleurer de douleur. J’hoquète, me prépare à tourner les talons mais soudainement, elle s’approche de moi et pose ses lèvres sur les miennes, violemment. Un baiser sans amour, passion, un baiser bestial, comme si elle transmettait tout ce qu’elle ne pouvait dire par ce baiser. Elle me tient par les hanches. Je suis surprise sur le coup, puis, prise de panique, j’ouvre les yeux et tente de me défaire de ce contact pas du tout agréable mais elle me tient trop fort. Je me sens forcée à faire quelque chose dont je n’ai pas envie, par quelqu’un que je connais…Où que je croyais connaître. Les larmes coulent sur mes joues, se mêlant au contact de nos lèvres. Dans un effort ultime, je la repousse violemment, pleurant à moitié, repensant à ce qui c’était passé dans la ruelle. Le même contact, le même effet.
«Comment oses-tu…»
Je m’essuie les yeux, consciente qu’elle ne comprendrait rien à mon discours sur ce baiser , beaucoup plus troublant qu’elle le croit. Je change de sujet.
« Tu voulais me détruire ? Tu voulais briser le peu qui restait en moi ? Félicitations, je vais te donner une médaille, tu as réussi. Tu sais quoi Eden ? Tu es aussi pathétique que je l’ai été. Même plus. Tu es là, à te donner des grands airs, pour me prouver comment tu n’es pas affectée par ce qui s’est passé. Si tu t’en foutais, comme tu me laisse sous-entendre, pourquoi insistes-tu autant pour savoir pourquoi je suis partie ? Et aussi : tu descends à un niveau beaucoup plus bas que le mien pour m’insulter comme cela. Moi, c’était pas volontaire, tu le sais, tu me connais. Toi, tu as fais exprès. Il y avait d’autre moyens de me dire que tu avais mal… »
J’essuie mes joues, même si cela ne sert à rien : d’autres larmes coulent. J’ai l’air pathétique, je suis rarement aussi sensible, mais tout ce qu’Eden m’a dit, ma grande fatigue de la journée et ce joint que je n’ai toujours pas fumé… .
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« Tell me why you leave me... » feat. Kaylinn ♥.
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