A. Kaylinn Fitzmartin
※all those shadows almost killed my light.
| Sujet: alice - i found myself in wonderland. Dim 20 Mai - 21:32 | |
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Ҩ MY LIFE ENDS NOW I'm freaking out, where am I now? Upside down and I can't stop it now.
Londres, 3 ans plus tôt.Je ne me sens pas à ma place ici. Certes, ce n’est pas la première fois que je viens au manoir de mon oncle, du côté de mon père, mais l’odeur de luxe et de richesse qui s’en dégage me donne des nausées. Je me demandes comment certains font pour vivre dans tant de luxure alors que d’autres crèvent de faim dans la rue. Mais ce n’est pas le moment de jouer les engagées socialement, papa n’aimerait pas ça.
Je suis à Londres depuis environ une semaine, comme à chaque été. Je rends visite à la famille du côté de mon père. Cette année, maman ne nous a pas accompagnés, ses vacances étant un peu plus tard dans l’année. Ça me fait une belle opportunité de passer du temps avec papa, et puis c’est pas mal pour mon dix-septième anniversaire, deux semaines et demi à Londres.
Vint les fameux soupers de familles. Le traditionnel quoi, on se sert la main, on se fait la bise, on constate comment chacun de nous ont grandis , comment nous faisons semblant pour avoir l’air unis même si nous nous sommes vus qu’une seule fois. Bien évidemment, je le penses tout bas, mais je sais que si maman serait là, je pourrais lui dire, à elle. Elle comprendrait et me sortirait d’ici. Néanmoins, je pense à mon père, si fier de moi, qui est tellement heureux de me présenter à tout le monde.
Je sers la main à tout le monde. Des cousins de 4 ans au frère de mon grand-père de 90 ans. Je reconnais les visages, les traits, je vois même mon père dans certains. C’est ça , la famille, après tout. Je m’amusais pendant ces soupers, oui, mais le dernier fut le plus mémorable. Lorsque ma tante , revenue de croisière, nous ramena son nouvel amoureux dont je ne me rappelles plus le nom.
Mais son visage, comment l’oublier.
Ma tante a environ 35 ans. Lui, doit être quelques années plus jeune. 30 ans, 31 ans, je ne sais pas. Le teint blanc comme un drap, les cheveux noirs en batailles, des yeux bleus qui vous font sentir comme la plus ignoble personne sur la terre. Personne n’ose regarder ce type dans les yeux. Je n’ai pas cherché son regard, c’est lui qui l’a posé sur moi.
À l’écart, verre de vin à la main à peine entamé (je n’aime pas l’alcool), je suis assise dans un fauteuil et je regardes ce qui se passe à côté de moi. Pour faire bonne impression, je prends une gorgée de vin. Je sens le liquide chaud couler dans ma gorge, propager une sensation de chaleur intense dans mon ventre. Je toussote un peu. Vraiment, je n’aime pas du tout cette sensation. Ça va paraître stupide, mais j’ai l’impression que chaque gorgée ronge mon cœur. Allez savoir pourquoi.
Je me lève, laissant mon verre de vin là sur la table basse et me dirigeant vers le service à thé. Bien meilleur, beaucoup plus réconfortant que le goût amer du vin qui est là, dans ma bouche, encré. Toujours les mêmes discours, les mêmes paroles , jour après jour. Pourquoi tout le monde est si sérieux ? C’est la question que je me pose depuis si longtemps. Personne n’a jamais voulu me répondre, mais en étant en transition dans ce monde d’adultes, je comprends maintenant que tout ce qui compte, c’est le foutu statut social, l’argent, le putain d’argent et rien d’autre que cela. Mes mains tremblent, je dois me calmer. Je verse avec difficulté le liquide chaud dans ma tasse de thé. Faisant preuve d’une rare maladresse, je fais déborder ma tasse. Merde, merde, merde. Discrètement, je cherches de la main les serviettes de table, mais rien. Bordel, elles étaient là il y a deux secondes. Ah oui, je vois, c’est probablement le gosse de 4 ans, le fils du frère de la jambe droite de mon oncle, je sais plus trop, mais qu’est ce qui m’arrive, c’est quoi cette saute d’humeur. Je bois rapidement une gorgée de mon thé pour me détendre, puis je me remets à la recherche des serviettes.
« Hum hum. »
Je me retourne vivement, prête à engueuler le garçon, mais je tombe nez-à-nez avec le nouveau copain de ma tante. Ses yeux entrent en contact avec les miens, je me sens faiblir mais je ne veux pas le montrer.
« Quoi ? »
Il me détaille de long en large, posant son regard quelques secondes de trop sur mes hanches et ma poitrine. Il me donne les serviettes d’un geste brusque avant de tourner les talons. Troublée par cette rencontre, énervée par le thé, je demande à mon père si je peux aller prendre une marche dehors. Oui, je n’irai pas loin, non je ne parlerais pas à des inconnus, oui je serai de retour avant minuit, oui je resterai dans le périmètre. Merde, j’ai quel âge déjà ? Dix sept ans , oui.
Je sors. L’air frais réchauffe mes poumons. Je marche quelques mètres avant de bifurquer vers une ruelle, ma ruelle. Je me souviens, quand j’étais jeune, je m’amusais à chasser un lapin invisible. Inutile de mentionner d’où cela provient, j’ai même un petit sourire en y pensant. J’arrête de marcher un instant, je regarde autour de moi. Exactement ce qu’il fallait pour me calmer. Ma ruelle à Londres. C’est un bon moyen pour se calmer, même si , retournée chez moi, j’allais devoir en trouver un autre. Je peux toujours en trouver une proche de chez moi, il y en a des dizaines, même si dans certaines il y a beaucoup de seringues….J’ai toujours eu peur des piqures, alors hors de question que je fasse de la relaxation parmi ces seringues et puis-
J’arrête de respirer pendant les deux secondes où je sens une main se poser violemment sur ma hanche. Je me fais retourner de force, plaquée contre un mur. Je n’ai pas le temps de voir ce qui se passe que déjà, je sens des mains passer sous ma chemise, masser mes seins, tentant des les mordiller. Je comprends trop tard ce qui se passe. On tente de m’avoir. Je commence à me débattre violemment, je sens le souffle chaud de mon agresseur contre ma nuque, je sens son haleine, une haleine qui pue l’alcool et le vin, le vin que j’ai bu il y a quelques minutes. J’ouvre la bouche pour crier mais une main se plaque violemment sur mes lèvres, m’empêchant de dire le moindre son. Je ferme les yeux, continue de me débattre, mais je me sens faiblir. Il est trop fort. Je retrouve le peu de forces qu’il me reste lorsque je sens une main frôler mon intimité. J’ai peur, je pleure. J’ai l’impression d’être prisonnière d’un cauchemar. Ma ruelle, à moi, mon pays des merveilles, devient sombre, brumeux, froid. Je n’ai plus la force de me débattre. Je tente un dernier effort en tentant de mordre sa main qui retient ma bouche. Je réussis, il crie de douleur, et c’est là qu’à la lueur de la lune, je vis ses yeux bleus.
Prise de panique, je me remets à courir mais je trébuche dans mes pantalons à moitié défaits. Il me rattrape en deux secondes, me relève de force, m’entraîne plus loin, me plaque de nouveau , faisant craquer quelques os de mon bras droit, enlève mes sous-vêtements, me pénètre violemment.
Tue quelque chose en moi.
***
Je suis de nouveau chez moi. J’ai le teint pâle, les yeux cernés. J’ai mal partout, précisément à l’endroit où il a posé ses mains sur moi, violé la chose dont je croyais avoir le contrôle, m’enlevé ma seule et unique fierté, ma virginité, que je réservais à quelqu’un de bien. Bien évidemment, j’ai donné comme excuse à papa que j’avais attrapé froid dans la ruelle et que j’étais tombée, pour expliquer mon teint blafard et mes nombreux bleus à ma rentrée.
Qu’ai-je fais pour mériter cela, mon dieu ? Suis-je si ignoble que cela ? Pourquoi moi ? Plus jamais je ne pourrais me défaire de son regard, des ses yeux bleus.
Deux jours après mon retour, je suis invitée à la fête d’un ami. Débauche, alcool et drogue sont au rendez-vous, même si je me suis promis de ne toucher à aucun de ceux-là.
Je suis seule toute la soirée. Je reste dans mon coin, je retiens mes larmes. Personne ne s’occupe de moi, tout le monde est trop occupé à s’embrasser, à boire, à fumer et aller faire je-ne-sais-quoi dans les toilettes. Dans le sous-sol, c’est lugubre, il y a seulement une chandelle près de moi ainsi que une bande plus loin. Je reconnais trois gars et une fille. Ils s’approchent de moi, me sourient, me demande si j’ai envie d’en prendre. À voir leurs airs, c’est de la coke. Je dis non. Ils s’assoient près de moi et en prennent sous mes yeux. L’un d’eux se tourne vers moi, me fais un sourire niais.
« T’as pas l’air dans ton assiette Fitzmartin. »
Je le fixe, ne réponds rien.
« Peu importe ce qui s’est passé, tu sais, ça, ça permet d’oublier. D’être…ailleurs. »
Ils s’en vont, me laissant seule avec le restant de leur coke.
Oublier…
Juste une seule fois. Juste pour une nuit, ne plus revoir ses yeux bleus. Juste une fois. Je me le promet, après, je n’essaies plus jamais. Personne n’en meurt du premier coup. Allez, juste une fois. Qu’est ce que j’y perds ? Je vais enfin me détendre un peu.
Oublier.
Dernière édition par A. Kaylinn Fitzmartin le Lun 21 Mai - 18:49, édité 9 fois |
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