Aaron est un individu avec une vie plus qu'occupé. Vous voulez connaître l'agenda de sa vie? Quand il se lève, il fait quelques exercices physiques pour se tenir en forme. Puis, le jour, il va à ces cours à l'université. Après les cours, il pratique avec son groupe de musique, le soir, il bosse comme réceptionniste dans un hôtel cinq étoiles de Seattle, ou bien, il fait les danseurs érogènes à l'Aphrodite, qu'Aaron surnomme affectueusement "l'Apocalypse" et au travers de tout ça, il trouve du temps pour voir sa famille, faire ces devoirs, bref, tout les petits à côté qui nous tiennent occupés, rien qu'à la base. Alors ces quelques moments de détente, ces soirées rien qu'à lui, il y tient. C'est sacré et sa vie en dépend, autrement, ce serait un vrai calvaire et il n'aurait pas une minute pour lui.

Qu'est-ce qu'il considère comme du temps pour lui? Bien par exemple, ce soir, il va chanter dans un bar de Seattle. Oui, Aaron est membre d'un groupe rock, mais il est surtout le chanteur de ce groupe, le frontman comme on dit. C'est lui qui doit soulever la foule si possible, faire l'animation, bref, tout ce que les chanteurs font, des petits et grands groupes. Ce qu'il aime bien aussi quand il se donne en spectacle, pas comme à "l'apocalypse" bien sûr, c'est qu'il ait quelques amis dans la salle. Ce soir, il n'en aura qu'une, mais ça lui suffit bien. Merry est une collègue de l'Aphrodite, débarquée depuis peu à Seattle, mais comme ils avaient des caractères compatibles, ils sont vite devenus ce qu'on peut appeler de bons amis et bien qu'elle soit très belle, Aaron ne l'a pas dragué! Pas encore en tout cas...

Il était vraiment ravi qu'elle ait accepté son invitation et il s'était assuré qu'elle ait tout en main, l'adresse du bar, l'heure du spectacle, etc., pour que tout se passe bien pour elle. C'était une soirée hommage à divers groupes. C'est que le band d'Aaron ne compose pas vraiment, ils jouent du cover comme on dit, les chansons des autres quoi, mais s'ils les jouent bien, c'est pas si mal non? Le groupe est donc composé d'un drummeur, d'un bassiste, de deux guitaristes, d'une fille au clavier et au "back vocals" et d'Aaron, au chant. Leur nom? Comme le dit le présentateur juste avant, les "Elite Dragoon". Pas "Dragon", non non, dragoon. Vous voulez savoir ce que ça veut dire? Aller demander à Aaron.

Aaron prend place au micro, à l'avant-scène, plutôt centré, mais ce n'est pas une grande scène non plus. Il a l'air en forme, concentré aussi. Ne vous attendez pas à ce qu'il soit habillé avec une perruque et un costume, comme dans les années 80. En fait, il est plutôt sobre, avec son bracelet rose contre le cancer, petite pensée à sa sœur, son t-shirt noir col en v et sa paire de jeans.

Les Elite Dragoon ouvre avec une première chanson, l'hymne nationale de Seattle, à savoir, Smells Like Teen Spirit, de Nirvana. Aussitôt la foule s'enthousiasme, c'est une valeur sûre à jouer, surtout quand elle est bien interpréter et Aaron recrée assez bien la voix tourmenté du défunt Kurt Cobain. Puis, le jeune homme prend la parole avant de passer à la prochaine:

-Salut les gens du Frost Frog! Vous êtes en forme?!

Visiblement, Aaron a l'air quand même habitué de faire ça et à l'aise sur la scène.

-Ce soir, on va vous faire un petit medley de nos bands préférés. On espère que ça va vous plaire. La prochaine chanson est Minor Thing, des Red Hot.

Et ils ont enchaîné comme ça quatre autres chansons, ce qui fait cinq chanson au total. En plus de la chanson des Red Hot Chili Peppers, ils chosent Bulls On Parade de Rage Against the Machine, Alive de Pearl Jam et pour clore le tout, ils jouent I'm Afraid of Americans, de David Bowie. Peut-être que cette dernière chanson se voulait un clin d’œil à quelqu'un dans la salle?

Et Aaron dans cette histoire. Hey bien il est quand même doué! Sa voix ne casse pas, il se déchaîne sur Bulls On Parade, chante Alive avec justesse et arrive à avoir un ton de voix assez sombre pour la dernière chanson. Il aime aussi planter son regard dans les yeux des gens, en particulier les filles, trucs appris de son travail à temps partiel comme danseur. Il repère aussi assez facilement Merry et il arrive à lui faire un clin d’œil au moins une fois, le sourire aux lèvres quand il chante. Entre deux chansons, le jeune homme ne laisse pas la foule en reste. Comment? Oh par des petits gestes, comme par exemple, il s'essuie un peu le visage avec le bas de son t-shirt, ce qui semble séduire une partie de la foule. Les autres musiciens étaient bons, surtout la claviste. Le drum semble un peu à la traîne, le bassiste fait ces affaires dans son coin et le guitariste à l'air de vouloir attirer l'attention sur lui aussi, mais quand même, le groupe se tient et offre une bonne performance. En tout cas, c'est ce qu'en dirait Aaron! Voilà, le spectacle est terminé pour eux, tout ce beau monde retourne en coulisse. Dans une demi-heure, il devrait y avoir un autre groupe.

Comme Aaron avait une amie sur le plancher, il ne reste pas longtemps avec ces collègues du band, juste le temps de quelques félicitations, il s'excuse, mais il doit filer au bar voir son amie. Il arrive donc à retrouver Merry et comme elle est dos à lui, il met doucement une main contre l'épaule de celle-ci.

-Hey, Merry!

Quand elle se retourne, il a un beau sourire et une bouteille d'eau dans la main. Il l'attire un peu, d'un geste de la tête, vers un coin un peu plus tranquille, surtout qu'il a toujours tendance à attirer les regards quand il sort de scène.

-Alors, comment t'as trouvé ça? Inutile de me ménager han... Ah mais avant!

Ça lui prend sa bière bien sûr! D'ailleurs, il siffle une serveuse qu'il connait, sinon, il serait quand même plus poli, pointe lui et son amie, puis fait le chiffre deux. La serveuse acquiesce et c'est dans la poche.

-Ça ne te dérange pas que je nous commande une bière j'espère... Pour te remercier d'être venue.

Spoiler:

L’eau chaude coulait sur mon corps glacé par les souvenirs. Le cœur déçut par les comportements d’une famille qui prônait la richesse et le pouvoir du sang. Les mariages étaient la plupart du temps arranger, on ne pouvait pas choisir celui qui nous enfanterait ou alors cela arrivait très rarement. Quand à mon père, il avait élu un de mes cousins comme étant mon futur mari. Un cousin éloigné que je n’avais jamais vu, mais à ça vu cela avait éveillé en moi une certaine peur. Je pouvais discerner sur son sourire étincelant une cruauté qui aurait fait pâlir n’importe qui. C’est pourquoi mon frère m’avait aidé à m’enfuir. D’ailleurs je n’avais pas de nouvelle de lui. Il disait que c’était mieux au cas où mon père l’espionnerait. Il me manquait. C’était un fait qui s’accrochait à mon âme avec une certaine volonté. En venant ici j’avais tout perdu. Mon chez moi, mes collines et la magie féerique qu’elles m’inspiraient, mais aussi mon frère. Je n’avais pas terminé mes études et je comptais les reprendre dès que j’aurais mis suffisamment d’argent de côté pour me payer des cours à la fac du coin.

La buée c’était collé sur les parois de la douche et me donnait l’impression d’être envahit par la brume. Sortant de la douche j’entourais ma taille d’une serviette blanche. Mes cheveux aplatis contre mon visage s’égouttaient. Je sortais de la pièce et fut enseveli par les ténèbres qui quelque minute avant n’était que clarté lumineuse. Ce soir là, j’avais été invité par un ami que j’avais rencontré à l’Aphrodite. Il jouait dans un groupe de rock et ce soir il se produisait dans un bar. Moi qui avais toujours voulu l’entendre chanter j’en étais ravie. J’enfilais une petite robe noir en satin composé d’un décolleter plongeant au devant. Les manches étaient très courtes et faite d’un tissu qui vous donnait l’illusion d’être une sorte de fumée compacte. J’avais emporté une bonne partie de ma garde robe en venant ici. Malheureusement, je n’avais pas pus prendre mon dressing entier, mais c’était mieux que rien. Me maquillant légèrement, je complétais le tout avec un rouge à lèvre qui vous donnait la couleur des roses pendant la rosée du matin.

Vêtue comme ça je ne pouvais pas prendre le métro. C’est pourquoi j’avais appelé un taxi pour passer me prendre en bas de chez moi. Je n’avais pas forcément les moyens, mais je pouvais bien faire une exception pour ce soir. Arriver au bar je m’installais au comptoir tout en commandant un mojito. Après avoir écouter un groupe ce fut enfin le tour de mon ami. On peut dire que pour une entrée spectaculaire c’était réussit. Sur scène il était aussi à l’aise qu’à l’Aphrodite. Aaron avait une voix et une pêche d’enfer. Lorsqu’il entamait la première chanson je ne pus qu’admirer le son que produisait son groupe. Au bout d’un moment je reçus de sa part un clin d’œil et j’y répondais avec un sourire éclatant. Les filles fondaient à chaque regard qu’il leur lançait. Il n’y avait pas de doute pour draguer les nanas il était plutôt doué. Lui et son groupe avaient interpréter cinq chansons et je me surprenais à en vouloir plus. Une fois leur prestations finit, je fus interpelé parle barman qui d’un ton aguicheur me lançait déjà des avances. Je m’apprêtais à lui répondre que je n’étais pas intéressé lorsqu’Aaron fit son apparition en déposant sa main sur mon épaule. Je me retournais pour lui faire face et le suivait à travers la salle.

« Tu viens de me sauver d’un barman un peu trop entreprenant à mon goût. Sinon superbe prestation. »

Nous nous installions dans un coin tranquille pendant que mon ami commandait deux bières à la serveuse ce qui était plutôt sympa.

« Non, ça ne me dérange pas et sans te ménager j’adore ta voix. J’ai remarquer que vous aviez fait des reprises. Des excellents choix, mais n’avez-vous jamais pensé à jouer vos propre morceau ? »

La performance s'était bien passée, on ne la décrira pas deux fois, maintenant, Aaron avait soif et puis, il n'a pas oublié qu'il y avait au moins une personne dans la salle qui était venue le voir sous invitation. Alors fallait qu'il prenne soin de son invité un peu. Sûrement aussi que Merry en était à ces premières sorties dans un bar de Seattle. Ou peut-être que non. En tout cas, rien qu'à sa tenue, on voit que le froid et l'humidité hivernale ne lui fait pas peur. Faut dire qu'elle est Irlandaise, là-bas, il y a du mauvais temps à l'année longue il parait. En autant qu'elle se soit mis un manteau... Tout ça pour dire qu'elle était très jolie avec cette robe sur le dos et vous auriez tord de croire qu'Aaron ne le remarque pas. D'ailleurs, l'espace d'un instant, il se demande comment elle le trouve lui? Bah... il ne fallait pas penser à ça maintenant.

S'ils restaient au bar, Aaron sait ce qui va arriver. Une fille va le reconnaître et puis déjà, comme il mesure 1m80, il a une tête de plus que bien des gens, ce qui n'aide pas à rester discret dans la foule. Quand elle va le reconnaître, elle va venir se coller à lui comme une sangsue, attirer les autres vautours et elles voudront toutes un morceau du jeune homme, qui se sentira alors comme à l'Aphrodite, ce qu'il ne souhaite pas. Alors la stratégie d'inviter une amie fille est un vieux truc. Les filles s'imaginent toutes que c'est sa copine, ce qui décourage au moins la moitié d'entre elles. L'autre moitié, quand elle le voit s'isoler tranquille à une table et discuter dans un coin, elle se dise que ce gars-là est trop tranquille pour elles. Bref, s'il était le remède de Merry pour échapper à un barman entreprenant, elle était son remède pour échapper à ces filles dont il a émoustillé l'imaginaire un peu plus tôt. Merry avait trouvé sa prestation superbe et alors, le jeune homme eut un sourire superbe, visiblement ravis du compliment. Il espère juste qu'elle ne lui dit pas ça juste pour lui faire plaisir, mais il en doute, ça n'a pas l'air d'être vraiment son genre. Elle donne l'impression d'être une fille honnête, posée, mais qui dira quand même ce qu'elle pense. Après, peut-être qu'il se leurre.

-Merci! Le son n'était pas toujours parfait, mais bon...

Pour Aaron, ce n'est jamais parfait. Le plus difficile, comme les membres n'ont pas d'oreillettes ou d'écouteurs pour s'entendre de jouer, c'est de réussir à s'entendre et de se concentrer au maximum sans perdre de vue ce qu'on émet comme son et ce que les autres émettent autour. Parfois, c'est difficile de s'entendre soi-même au milieu de toute cette cacophonie, surtout à la voix. Par moment, il faut suivre son instinct, ce qui vient avec la pratique. Il attarde un moment son regard sur Merry, puis fait signe à la serveuse et après, la conversation reprend. Sans le ménager, elle n'eut que des compliments, mais était curieuse de savoir s'ils pensaient à jouer leurs propres chansons. Ah ça...

-Si, Judith, la claviste, en a quelques uns en banque. Mais... ya des divergences dans le groupe sur si on devrait les jouer ou non. Puis, faut savoir qu'on ne rêve pas vraiment d'une carrière. Enfin, moi j'y crois pas... Pas qu'on soit mauvais, mais on est qu'un groupe d'universitaires et faut pas se leurrer, si le gérant du bar nous laisse jouer, c'est parce qu'il sait que notre band va attirer des gens de l'université, donc lui rapporter du profit. C'est pas parce qu'on a une belle gueule ou du talent. Puis, pour te répondre, comme on joue souvent dans les bars ou à l'université, les gens ne veulent pas qu'on leur casse les oreilles avec nos compo', ils veulent entendre des chansons qu'ils connaissent et bien reprises. Tant qu'on va leur offrir ça, on aura quelque part où jouer.

Dans le passé, ya disons deux ans, de temps en temps, le groupe glissait dans le répertoire une composition. La réaction du publique était souvent mitigée. Faut dire aussi que ce n'était pas des chansons pop non plus. Du coup, diviser son public n'est peut-être pas la meilleure stratégie. Puis, à dire vrai, pour Aaron, comme ce groupe est un divertissement, il ne veut pas s'embêter avec des compositions et tenter de faire une percée et tout ça. Les bières arrivent. Celle de Merry se trouve dans un verre, celle d'Aaron est à même la bouteille. Typiquement nord-américain ça, l'homme a la bouteille, la femme a le verre. Avant d'en prendre une gorgée, il lève sa bouteille.

-À la prestation des Elite Dragoon alors! Même s'ils ne jouent que du cover...

Il fit un petit sourire amusé, puis prit une assez bonne gorgée. C'est que sa bouteille d'eau était vide alors... N'importe qui vous dira que l'alcool, ce n'est pas très bon pour la voix, mais bon, il n'en abuse pas et puis il ne compte pas rechanter ce soir, sauf surprise de la vie.

-Quelle chanson tu as préféré parmi celle qu'on a joué?

Il était curieux de savoir. Faut dire que comme il connait Merry depuis peu, il ne sait pas trop ces goûts musicaux par cœur. Il écoute donc la réponse, puis, comme il a de la suite dans les idées, il enchaîne, entre quelques gorgées de bière, Aaron semblait le genre de gars qui boit assez vite et qui ne devient pas ivre avec une bière non plus...

-La prochaine fois, on jouera du U2, juste pour toi!

Tous les Irlandais aiment U2 pas vrai? C'est comme les Américains et Jon Bonjovi. En fait, Aaron déteste Bonjovi, mais bon, une majorité d'Américains aiment. En revanche, il aime bien U2, pas toutes les chansons, mais plusieurs, comme New Year's Eve par exemple. C'est la première qui lui vient en tête. Le truc, c'est que chausser les chaussures de Bono, ce n'est pas facile, mais alors là, pas du tout.

-Au fait, je ne peux pas m'empêcher de te le faire remarquer... Très jolie robe, elle te va vraiment bien.

J’écoutais ce qu’il me disait sans l’interrompre. C’était étrange d’entendre ça de la part d’un chanteur qui jouait dans un groupe. En général, les membres recherchaient la gloire et leur succès. Aaron quand à lui était réaliste et avait la tête sur les épaules. Bien entendu, pour réussir dans la musique il fallait aussi renvoyer une image, le talent ne suffisait plus malheureusement. J’acceptais la bière que la serveuse me donnait. Contrairement à celle de mon ami la mienne était servi dans un verre. Ce n’est pas que cela me déplaisait, mais à force de vivre dans la grâce et les manières cela avait finit par m'écœuré. Je me disais souvent qu’un jour je boirais au goulot comme un homme. Je trinquais avec Aaron un sourire sur les lèvres.

« « Au Elite Dragoon ! » »

Tout comme lui je buvais une gorgée et le regardait amusé. Moi qui pensais que les chanteurs étaient du genre à préserver leur voix en buvant du thé au citron. Il portait un bracelet rose autours du poignet et son t-shirt noir lui allait à merveille. Moi qui avais été habitué aux hommes vêtus de costume luxueux, j’avais été surprise en venant ici. Cela ne veut pas dire qu’en Irlande tout les hommes étaient habillés ainsi, non au contraire. Disons que j’avais évolué dans une sorte de bulle sans avoir vraiment eu la chance de voir le monde extérieur. En venant à Seattle mes habitudes en avaient été bouleversées. Je découvrais la vraie vie en quelque sorte. Fréquenter des personnes différentes qui ne venaient pas forcément d’une famille de riche. Ce n’était pas pour me déplaire. Le fait de travailler comme strip-teaseuse à l’Aphrodite m’avait ouvert les yeux et décoincé l’esprit en quelque sorte. Si mes parents savaient cela ils me déshériteraient. Quand à mon frère il ne supporterait pas l’idée et aurait tenté de casser la figure à tous les hommes qui auraient posé leur regard sur moi. Ceci dit il n’en aurait jamais finit.

Aaron me demandait qu’elle chanson j’avais préférer. Pour tout dire je l’ai avaient toutes aimés. Elles avaient bien été reprises et son groupe avait du talent. La voix de mon ami s’adaptait à toutes ses musiques. Je buvais une nouvelle gorgée tout en fixant mon interlocuteur. Il y’avait bien une chanson que j’avais particulièrement apprécié.

« Je l’ai est toute aimé, mais « I’m Afraid Of Americans » de David Bowie m'a vraiment plu. Un classique et une valeur sur »

Par la suite il me disait qu’il jouerait du U2. Un groupe que j’affectionnais et que la plupart des Irlandais appréciaient. Dit comme ça c’était un peu cliché, mais c’était la vérité. Surtout, cela me donnerait l’occasion de penser à l’Irlande en me rappelant de bon souvenir. Le commentaire suivant me fit sourire colorant mes joues d’une teinte rosé. J’avais eu peur de paraitre trop habiller, mais c’était une habitude chez moi et j’avais encore du mal à me vêtir à l’américaine sans en faire de trop.

« Je viendrais écouter U2 avec grand plaisir. Merci pour le compliment, j’avais peur de paraitre trop habiller, mais pour tout te dire je n’avais rien d’autre de plus confortable. »

Enfin, sauf des joggings que je portais les jours de pluies et de grand froid chez moi. Mise à part ça même mes pyjamas étaient chics. C’était de la soie ou des matières chères un peu plus confortables comme du pur coton, vestige de mon ancienne vie. Une vie que je n’étais pas prête de retrouver. Mon « futur » fiancé était peut être à ma recherche ou peut être avait-il choisit une autre épouse, ce que j’espérais. De toute façon, ici en Amérique mes parents n’avaient aucun pouvoir sur moi et ne pourrait pas me forcer à revenir dans mon pays. Je voulais vivre ma vie à pleine dent et commencer une nouvelle ère. Je reportais mon regard sur Aaron et je devais reconnaitre que celui que je considérais comme étant une sorte de frère de substitution était incroyablement séduisant.

« Je dois reconnaitre que tu as un air de rebelle dans cette atmosphère. Toute les filles sont à tes pieds et je suis sûr qu’il y’en à qui payerai pour être à ma place en ce moment même. »

La plupart des filles dans la salle me lançaient des regards noirs. Sans doute pensaient-elles que nous étions ensemble. Elles devaient me haïr et cela m’amusais. Je riais légèrement, les yeux pétillants de malice.

En invitant la charmante Irlandaise dans un endroit pareil, il la plongeait en plein cœur de la réalité de la classe moyenne américaine, on pourrait même dire, des jeunes gens, des étudiants, des universitaires, des gens avec des petits boulots quoi, surtout en cette période de crise. C'était aussi un bon moyen de connaître Seattle. Seattle, c'est une grande ville, assez diversifié et il faut oser pour vraiment apprendre à la connaître. Sinon, on se contente des petits clubs de dance en ville, du campus Microsoft et on râle contre la météo. Sauf que si on creuse un peu, si on ose, on découvre une ville dans la ville, un monde simple, de musiciens, d'artistes, de gens revendicateurs, plutôt avant-gardiste et ouvert d'esprit. De quoi déstabiliser ceux qui prennent les Américains pour les attarder du monde, ceux qui ont voté deux fois pour Bush. Bah sachez qu'à Seattle, Bush n'a pas passé. Mais on n'est pas ici pour parler de politique américaine. Sachez juste qu'Aaron n'est pas un républicain.

En tout cas, Merry semblait se plaire ici et il remarqua qu'elle jeta un drôle d'air à son verre, pas comme si elle semblait dégoûtée, mais plutôt comme si elle enviait la bouteille du jeune homme en face d'elle. À prendre en note! Il doit avouer qu'il prenait la jeune femme, pas pour une bourgeoise, mais enfin, elle a ces manières quoi et puis, faut voir la robe qu'elle porte. Taillée sur mesure et tout, franchement jolie, mais il n'a pas vu souvent de filles avec une robe pareille sur le dos non plus, surtout pas pour une sortie dans un bar. Ah ces Européens, ils doivent toujours avoir la classe ceux-là!

Curieux de savoir quelle chanson elle avait préféré, il est un brin étonné d'apprendre que c'était celle de David Bowie. Il se trouve que c'est une des préférés d'Aaron aussi et il ne disait pas ça pour plaire, le pense plutôt. Non, c'est juste que du Nirvana, c'est bien beau, mais il en chante tellement souvent qu'il s'en passe. Il adore Red Hot aussi, mais Bowie, c'est Bowie quoi. Ça ne s'explique pas. Et si Merry a reconnu la chanson du célèbre chanteur, alors il déduit qu'elle s'y connait un peu en musique.

-C'est vrai? La plupart des gens n'auraient pas choisi celle-là. Quand on la joue, les gens l'aiment, mais il se demande souvent qui chante ce truc, d'où ça vient et quand on leur dit Bowie, ils restent l'air bête.

Comme quoi Bowie n'a pas fait que Dance dance et des petites chansons pop du genre. Avec U2 et les Irlandais, il vise juste dans le cas de Merry, a qui il fait un compliment ensuite et il fait mouche d'ailleurs, puisqu'elle rougit un peu. C'est toujours drôle vous savez, de voir une stripteaseuse rougir. Ça se dénude devant des foules, mais un compliment sur la robe et ça devient tout gênée. N'empêche, amusé par la réaction, il était heureux de l'effet qu'il fait, c'est certain. Alors c'est décidé, la prochaine fois qu'elle viendra le voir, il pensera à elle et ils joueront du U2. L'autre jour, ils ont pratiqué Vertigo avec le band. C'est pas trop difficile à chanter et ça soulève des foules. Oh la!

-C'est pas moi qui va me plaindre. Comme dirait mon père, c'est la misère des riches.

Pauvre petite, obligée de mettre une jolie robe qui la met bien en valeur. Elle est à plaindre, vraiment! Comme il l'a dit, ça lui va très bien, mais probablement que ça n'irait pas aussi bien à une autre femme. Disons que Merry n'a pas été embauché comme stripteaseuse pour rien, ça, il est à même de le voir, comme n'importe quel homme qui a du goût. Parlant de ça, Merry fait remarquer que lui, il a l'air rebelle et il fait alors un petit sourire en coin, un brin mystérieux. Quand elle parle des filles, il hausse des épaules, comme si elles ne l'intéressaient pas trop.

-Ouais bah tu sais, c'est toi qui est là, alors profites.

Façon de parler bien sûr. Sourire en coin, il la regarde rire et de son côté, s'il ne rit pas, ce n'est pas parce qu'il ne trouve pas ça drôle, mais il a le rire rarissime. Quand il raconte une blague, il est rare qu'il en rit. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne trouve pas ça drôle. Il eut quand même une petite remarque, rebondissant sur ce que sa sœur de cœur a dit.

-Et ça te plait les rebelles?

C'est juste une petite question comme ça. D'ailleurs, il ancre son regard sur le sien, après avoir bu une gorgée de sa bière. N'empêche, Merry avait bien raison, il sent bien qu'on les observe. Il est plutôt habitué. Le gars vient de monter sur scène, fait un court spectacle, alors, c'est normal qu'on le regarde, de toutes les manières. Ça fait longtemps qu'il ne s'en fait plus trop avec ça. C'est comme beaucoup de choses, on finit par s'habituer.