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i'm holding you closer than most, cause you are my heaven.

DECEMBRE 2011

La pluie ; C’était l’une des premières choses qui avait séduite cette brune incendiaire lorsqu’elle avait posé ses valises dans la ville de Seattle. Après être tombée amoureuse du manteau blanc sécurisant qui recouvrait tous les ans New York à cette période, elle était tombée amoureuse de Seattle sous la pluie, un phénomène météorologique qui arrivait bien –trop- souvent. Et en cette matinée de douce tranquillité, Kseniya avait décidé de profiter du doux son des gouttes d’eau terminant leur course sur le toit à partir d’un lieu bien particulier, celui de la bibliothèque. Beaucoup sont ceux qui viennent se réfugier ici pour le seul goût du risque, loin des pièces fermées et privées telles que les chambres, toute personne décidant de s’adonner à une activité lubrique entre ces murs prenait le risque d’être prise sur le fait. Mais en ce dimanche matin, les probabilités de tomber sur quelqu’un étaient quasi nulles. Enfilant une simple robe de chambre noire en soie par-dessus sa très célèbre lingerie, elle sortit de sa chambre, passant devant les portes des autres habitantes qui devaient presque toutes encore dormir à point fermé, récupérant de leurs exploits de la veille. Mais contrairement à la majorité d’entre elles, Kseniya faisait partie de ces rares personnes qui pouvaient se permettre de se coucher très tard et de se lever tôt pour profiter de cette tranquillité unique que l’on ne retrouve que lorsque toute la ville dort toujours. Arrivée sur les lieux, elle s’approcha de l’une des baies-vitrées du mur du fond, l’endroit qu’elle préférait ici, duquel elle avait une vue parfaite des environs et d’où elle pouvait entendre le chant de la pluie venant fouetter la vitre. La poupée russe avait entre les mains un livre qu’elle affectionnait tout particulièrement et dans lequel elle se plongeait dès qu’un moment se présentait. Elle avait découvert ce roman alors qu’elle venait d’arriver aux États-Unis et c’est grâce à cette lecture qu’elle avait réussi à perfectionner son anglais qui jusque-là était comparable à celui d’un enfant de six ans. Ce livre qu’elle avait volé à l’époque à un client qu’elle haïssait n’était autre qu’Orgueil et Préjudices et il lui était arrivé bien souvent au fil des pages de se prendre à rêver d’être cette fameuse Elizabeth Bennet et de tomber elle aussi follement amoureuse de ce mystérieux Mr Darcy. Mais elle revenait bien vite à la réalité dès lors qu’elle fermait ces pages parce qu’il était l’heure pour elle de se remettre au travail. Kseniya avait tout de même remarqué une chose, lorsqu’elle lisait ce roman alors qu’elle venait de s’empoisonner à nouveau avec sa fameuse poudre blanche, sa sensation de liberté et de nouvelle vie se prolongeait même après qu’elle ait dû retrouver son quotidien plus que médiocre de l’époque.

Cela faisait près d’une demi-heure que la jeune russe était assise sur la moquette de la bibliothèque, son roman entre les mains, la tête posée sur la vitre froide, profitant pleinement de ce moment, certes d’une simplicité étonnante, mais qui égalait tous les autres plaisirs de la brune. Kseniya détourna néanmoins son attention quelques minutes, se décidant à envoyer un message à l’une de ses précieuses amies qui arpentait elle aussi ces couloirs, Enora. Les deux jeunes femmes s’étaient très vite liées d’amitié et elles avaient très vite adopté une habitude qui était devenue au fil du temps une coutume, tous les matins, l’une d’elles se rendait dans la chambre de l’autre pour se raconter leur soirée et commencer leur nouvelle journée du bon pied. Bien que si elle doive mettre un nom sur leur relation Kseniya se résoudrait à l’appeler une très forte amitié, la brune ravageuse commençait à être de plus en plus confuse quant à ses sentiments à l’égard de cette belle blonde. Elle savait depuis quelques années déjà qu’elle était bisexuelle, mais le problème avec Enora, c’est qu’elle ne pouvait pas risquer de la perdre si elle s’osait un jour de lui avouer que ses sentiments à son égard commençaient à évoluer vers des sentiments qu’elle pourrait prêter à de l’amour ; Bien qu’elle n’ait ressenti ce genre de chose qu’à l’égard d’un seul être sur cette Terre et cette sensation s’est très vite transformée en une haine sans limite. Kseniya se gardait donc depuis des semaines de partager ces pensées avec Enora, même si son comportement coquin et sulfureux à son égard pouvait la trahir. Pianotant sur son clavier, elle prévint son amie qu’elle se trouvait dans la bibliothèque si l’idée lui venait de la chercher et elle déposa à ses côté son téléphone, espérait voir apparaitre très vite le visage aux trais parfaits d’Enora.

don't feel ashamed, coz' i feel the same.

DECEMBRE 2011

Légèrement, la main délicate de la jolie blonde glissa sur le drap de coton. Sa peau de nacre apprécia le contact du tissu si bien qu’un léger frisson lui parcouru l’échine. Féline, sa jambe fuselée et dénudée se libéra de l’emprise de l’étoffe et alors qu’elle se cambrait avec grâce, ses yeux clairs vinrent s’ouvrir avec difficulté. La douce clarté des nuages chargés de pluie, pénétra dans sa misérable chambre et poussant un léger soupir, la jeune femme apprécia cet instant qui n’appartenait qu’à elle. Prisonnière au cœur de cette maison close, rien n’égalait le bonheur que d’être seule pendant un instant. Elle n’avait plus à se soumettre à la bonne volonté des hommes, elle n’avait plus à prétendre prendre du plaisir alors qu’il n’en était rien. Enora se redressa et glissant une main dans sa chevelure de miel, elle sursauta lorsqu’une silhouette traversa sa chambre. Prise de panique, elle resserra innocemment le drap contre sa poitrine dénudée et toisa l’inconnu qui prenait place sur le fauteuil. Face à elle, il lui adressa un maigre sourire. Harry Forester, un jeune homme âgé de dix-neuf ans avait été son client la nuit dernière, l’insolente prostituée lui avait offert quelques préliminaires et pourtant, tout ceci ne semblait pas avoir suffit. Harassée par sa présence, quelques mots s’échappèrent de ses lèvres pulpeuses. « Rentre chez toi Harry, personne ne doit te voir ici, tu risquerais gros. » Effectivement, l’amabilité des gardiens était légendaire. Un mince sourire se dessina sur le visage de l’adolescent qui lui avoua. « J’avais peur de rentrer. Personne ne sait que je suis ici et personne ne connaît réellement mon âge. » Le simple fait qu’il soit resté auprès d’elle toute une nuit l’écœurait, toutefois, elle ne devait laisser transparaître aucune émotion, aucun trouble, aucun dégoût. « Je le sais bien, alors sors maintenant. » Enveloppant son corps de sirène dans le drap immaculé, elle obligea son prétendant à sortir du manoir non sans lui donner quelques précautions. Harry la remercia et timidement il disparu derrière la porte, osant à peine jeter un regard sur ses courbes alléchantes. Les hommes étaient pathétiques, capables du pire pour une courte séance charnelle. Alors qu’elle se rallongeait avec langueur, profitant du peu de temps qu’il lui restait, son téléphone émit une petite sonnerie nasillarde. Enora s’empara de celui-ci pour y découvrir un message envoyé par sa plus fidèle et délicieuse amie. Kseniya, une femme de l’est à la beauté incendiaire réclamait sa présence. Passer du temps à ses côtés lui permettait de s’évader et seule cette impétueuse brune comprenait ce qu’elle ressentait réellement. Qu’à cela ne tienne, accompagné d’un sourire radieux, une nuisette sombre et un peignoir de soie vinrent épouser la félinité de son corps. Jouant avec une mèche de cheveux, elle emprunta le long et sombre couloir qui la mènerait à la bibliothèque. Enora appréciait réellement Kseniya, les deux jeunes femmes avaient foulé le sol de l’Aphrodite au même moment et une complicité était née de leurs malheurs respectifs. Resserrant le peignoir contre sa poitrine, l’impétueuse entraîneuse frissonna sous la fraicheur ambiante. La pluie ne cessait de marteler les fenêtres du Manoir et pourtant, la quiétude qui y régnait en était exquise. Ses consœurs dormaient paisiblement, rêvant sans doute à un avenir meilleur, mais elle, elle s’empressait de rejoindre son amie d’infortune dans un endroit proscrit. La bibliothèque ne leurs étaient pas destinées et pourtant, qu’il était bon de se perdre dans les phrases d’auteurs remarquables et dans les méandres d’un imaginaire prenant. Enora ouvrit doucement la porte et face à elle, Kseniya se perdait dans les pages cornées d’un livre à la couverture abîmée. Se rapprochant d’elle à pas de loup, elle ne gêna pas sa lecture, et se contenta de s’asseoir face à elle, frôlant ses interminables jambes aux siennes. Apposant sa tête contre la baie vitrée, Enora la toisa avec affection, avant de lui murmurer. « Et si tu me lisais un passage ? »